Freelance et micro : versement libératoire ou non ?

20 juillet 2025

En micro-entreprise, le régime d’imposition – classique ou avec versement libératoire – est un choix décisif. Si le versement libératoire séduit par sa simplicité, il n’est pas toujours le plus favorable financièrement. Ce choix affecte directement les impôts et la trésorerie. Alors, comment être sûr de prendre la bonne décision ? Ce guide vous aide pas à pas à comparer les deux options pour choisir celle qui vous convient vraiment.

A retenir :

  • Taux fixe selon l’activité : le versement libératoire applique un impôt immédiat sur le chiffre d’affaires : 1 % (vente), 1,7 % (services), 2,2 % (libéral), regroupé avec les cotisations sociales en une seule déclaration.
  • Conditions d’accès : revenu fiscal de référence ≤ 27 478 € pour une personne seule (année N-2), avec des plafonds de chiffre d'affaires à respecter : 188 700 € (vente) ou 77 700 € (services).
  • Choix stratégique : ce régime peut être avantageux si vous êtes dans une tranche d'imposition ≥ 30 %, mais souvent moins intéressant si vous êtes non imposable ou à 11 %.
  • Simulation indispensable : pour bien choisir entre régime classique et versement libératoire, simulez votre impôt en tenant compte de tous les revenus du foyer et des impacts sur les aides sociales.

Le fonctionnement du régime classique par défaut

En régime classique, les micro-entrepreneurs sont soumis au prélèvement à la source. L’administration fiscale applique un taux basé sur les revenus déclarés l’année précédente, ce qui permet d’étaler le paiement de l’impôt sur l’année.

Le régime micro-fiscal repose sur un abattement forfaitaire, appliqué automatiquement au chiffre d'affaires : 71 % pour les activités d’achat-revente, 50 % pour les prestations de services, et 34 % pour les activités libérales. Le bénéfice ainsi calculé est ajouté aux autres revenus du foyer fiscal, pour constituer la base de l’impôt sur le revenu.

L’impôt est alors déterminé selon un barème progressif par tranches, ce qui permet une imposition proportionnée aux capacités contributives. Le paiement se fait par acomptes mensuels ou trimestriels, selon l’option choisie, et le solde est régularisé après la déclaration annuelle.

Qu’est-ce que l’option pour le versement libératoire ?

Le versement libératoire permet de payer l’impôt en même temps que les cotisations sociales, par un unique versement auprès de l’URSSAF. Le revenu de la micro-entreprise est alors considéré comme définitivement imposé, sans régularisation ultérieure, ce qui apporte une certaine sécurité.

Concrètement, des taux fixes sont appliqués directement sur le chiffre d’affaires encaissé : 1 % pour l’achat-revente, 1,7 % pour les prestations artisanales et commerciales, et 2,2 % pour les activités libérales. Le calcul est automatisé via la déclaration mensuelle ou trimestrielle sur le site de l’URSSAF, limitant ainsi les erreurs.

Les conditions pour bénéficier du versement libératoire

Le critère du revenu fiscal de référence (RFR)

Pour être éligible, le revenu fiscal de référence du foyer ne doit pas dépasser un plafond déterminé. Cette règle vise à réserver cette option aux foyers modestes ou moyens.

Le revenu fiscal de référence pris en compte est celui de l’année N-2. Le plafond dépend du nombre de parts fiscales : 27 478 € pour une personne seule, 54 956 € pour un couple, avec 6 368 € de plus par demi-part supplémentaire. Il est donc indispensable de vérifier l’avis d’imposition avant toute demande.

Les plafonds de chiffre d’affaires à ne pas dépasser

Le respect des plafonds de chiffre d’affaires est indispensable pour rester dans le régime micro-fiscal, condition préalable à l’option pour le versement libératoire. Ces seuils sont actuellement de 188 700 € pour la vente de marchandises et de 77 700 € pour les prestations de services.

En cas de dépassement en cours d’année, l’entrepreneur sort du régime micro et bascule vers un régime réel d’imposition, avec des obligations comptables plus complexes.

Quand et comment formuler sa demande d’option ?

Les micro-entrepreneurs doivent demander l’option avant le 30 septembre de l’année en cours pour qu’elle s’applique l’année suivante. Pour les créateurs, la demande doit être faite dans les trois mois suivant la création de l’entreprise.

La démarche s’effectue auprès de l’URSSAF, via un formulaire spécifique, le plus souvent disponible en ligne. Une fois choisie, l’option est reconduite automatiquement chaque année. Pour y renoncer, il faut également respecter les délais et faire une demande explicite.

Versement libératoire ou régime classique : le comparatif pour bien choisir

L’avantage décisif : le taux d’imposition de votre foyer

Le versement libératoire est souvent avantageux pour les foyers imposés dans les tranches élevées (30 % ou plus). En revanche, pour les foyers non imposables ou dans la tranche à 11 %, le régime classique est généralement plus favorable grâce à l’abattement forfaitaire.

Il est crucial de considérer l’ensemble des revenus du foyer, car ils influencent directement la tranche d’imposition globale.

Les avantages et inconvénients de chaque système

Le versement libératoire offre plusieurs avantages : simplicité administrative, bonne visibilité sur la trésorerie, économies d’impôt potentielles pour les hauts revenus, et absence d’impôt en cas de chiffre d’affaires nul.

Cependant, il présente aussi des limites : paiement d’un impôt même si le foyer est non imposable avec le régime classique, et intégration du chiffre d’affaires dans le revenu fiscal de référence.

Le régime classique, quant à lui, garantit l’absence d’impôt si le foyer n’est pas imposable, peut être fiscalement plus avantageux grâce à l’abattement, et maintient l’éligibilité à certaines aides sociales. En contrepartie, il est plus complexe et peut provoquer un décalage de trésorerie. De plus, les revenus de la micro-entreprise peuvent faire franchir une tranche d’imposition supérieure.

L’impact caché sur le revenu fiscal et les aides sociales

Attention : même avec le versement libératoire, le chiffre d’affaires est pris en compte dans le calcul du revenu fiscal de référence. Cela peut affecter certaines aides comme les allocations logement ou les bourses, voire augmenter d’autres impôts (par exemple, la taxe d’habitation sur une résidence secondaire).

À noter : un “taux effectif” est aussi calculé en incluant le chiffre d’affaires de la micro-entreprise, ce qui peut majorer l’imposition sur les autres revenus. Ce détail technique est important dans une simulation.

La méthode pour faire le bon choix : votre simulation pas à pas

Étape 1 : Estimez votre chiffre d’affaires annuel et vos revenus globaux

Commencez par estimer votre chiffre d’affaires annuel de façon réaliste, en vous basant sur votre activité passée, vos projets, et les éventuelles variations saisonnières. Listez ensuite tous les autres revenus de votre foyer fiscal (salaires, pensions, revenus fonciers).

Étape 2 : Simulez votre impôt avec le régime classique

Appliquez l’abattement correspondant à votre activité (71 %, 50 % ou 34 %) pour obtenir le bénéfice imposable. Ajoutez ce montant aux autres revenus du foyer pour calculer le revenu net imposable total, puis appliquez le barème progressif de l’impôt.

Étape 3 : Simulez votre impôt avec le versement libératoire

Multipliez votre chiffre d’affaires par le taux du versement libératoire (1 %, 1,7 %, ou 2,2 %) pour obtenir l’impôt dû au titre de votre activité. Calculez ensuite l’impôt sur les autres revenus du foyer, puis additionnez les deux montants.

Étape 4 : Comparez les résultats et arbitrez

Comparez les deux montants d’impôt total obtenus. Cette analyse chiffrée vous permet d’identifier l’option la plus avantageuse. N’oubliez pas d’intégrer les impacts sur les aides sociales et vos préférences personnelles en termes de simplicité et de gestion de la trésorerie.


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